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Pourquoi tant d’abbayes en Normandie ?

Un peu d’histoire sur les Abbayes Normandes…

Les Précurseurs du mouvement monastique : ermites et missionnaires

Les premiers monastères de Normandie eurent souvent pour origine un modeste ermitage. Les récits hagiographiques du VIe siècle évoquent des fondations destinées à l’évangélisation des populations saxonnes de la zone côtière.

Le VII ème siècle âge d’or des fondations en Neustrie

©Michel-Dehaye-avudoiseau.com

Eglise Saint-Pierre de Jumièges ©Michel-Dehaye-avuedoiseau.com

Le VIIe siècle fut marqué par une véritable floraison de fondations monastiques en Neustrie. Quelques-unes se situent dans la tradition des fondations royales inaugurée au siècle précédent par la dynastie mérovingienne. Comme le grand monastère de Jumièges qui fut construit en 654. Mais la plupart des établissements furent fondés à l’initiative de membres de l’aristocratie, au cœur de leurs propriétés familiales.

Splendeurs des Abbayes Prénormandes (VII-IX° siècle)

En Normandie, une seule construction monastique du haut Moyen Age subsiste en élévation, la nef de Saint-Pierre de Jumièges, datée du début du IXe siècle. La vie de Saint-Philibert et la chronique de Fontenelle nous ont également laissé deux précieuses descriptions des batiments monastiques de Jumièges et de Saint-Wandrille.

Le choc des raids scandinaves (IXème siècle)

Les riches abbayes de Neustrie furent la cible des attaques nordiques à partir de 841. Dès 860, les établissements de la basse Seine avaient presque tous été évacués. Emportant les reliques et ce qu’ils avaient pu sauver de leurs trésors et de leurs archives, les religieux partaient vers des refuges de plus en plus lointains, régulièrement chassés par de nouvelles alertes.

La renaissance monastique du Xème siècle

Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911), le baptême de Rollon ouvrait en principe la voie à un retour des moines en Normandie. Mais la restauration des monastères soulevait une foule de problèmes. La reconstruction du monachisme en Normandie fut donc une œuvre de très longue haleine. Commencée en 918 avec la restauration de l’abbaye épiscopale de Saint-Ouen de Rouen, elle se poursuivit tout au long du XIe siècle et parfois même, dans certains secteurs du duché, jusqu’au début du siècle suivant.

Guillaume de Volpiano et la réforme monastique

Abbatiale Notre Dame de Bernay Normandie

Abbatiale de Bernay

En 1001, le duc Richard II s’adressa à Guillaume de Volpiano pour qu’il restaure le monachisme en Normandie. Il accepta de venir et de réformer la communauté de Fécamp, installée à proximité immédiate du palais ducal. Il fit de Fécamp une abbaye bénédictine modèle.
L’influence de Guillaume de Volpiano s’étendit à travers toute la Normandie. Les moines de Fécamp, ses disciples, fondèrent ou restaurèrent de nombreux établissements en Normandie : la nouvelle abbaye de Bernay (vers 1015), Saint-Taurin d’Évreux, Montivilliers (1035) et le Mont Saint-Michel…

Les grands monastères ducaux

Tous les ducs du XIe siècle ont fondé des monastères, qui ont été des lieux de prestige leur permettant de célébrer leur gloire, en même temps que celle de Dieu. Ils suivaient l’exemple de Guillaume Longue Épée (restaurateur de Jumièges) et des ducs Richard (restaurateurs de Fécamp). Richard le Magnifique a lui aussi restauré deux anciens monastères jadis détruits par les Vikings : l’abbaye d’hommes de Cerisy [-la-Forêt], en 1035, et l’abbaye féminine de Montivilliers, en 1035.
Guillaume le Bâtard a fondé, avec la duchesse Mathilde, deux monastères situés de part et d’autre de la ville nouvelle de Caen : l’abbaye-aux-Dames et l’abbaye-aux-Hommes.

Les fondations aristocratiques

Les grands aristocrates normands ne tardèrent pas à imiter l’exemple ducal, en fondant à leur tour des monastères.
L’abbaye du Bec constitue une exception, car elle fut fondée par un simple chevalier, Herluin, qui en devint l’abbé. Elle n’en eut pas moins un très grand rayonnement intellectuel.
Les fondations se multiplient au milieu du XIe siècle (1050-1060). Guillaume Giroie restaure l’abbaye de Saint-Évroult. L’abbaye Notre-Dame-du-Pré est établie par Lesceline, veuve du comte d’Eu, à Lisieux. Citons enfin l’abbaye de Lessay, fondée par Turstin Haldup, en 1056.

L’art roman normand

Vue d'en bas abbaye de Jumièges

Abbaye de Jumièges

Au cours des XIe et XIIe siècle, on assiste à une impressionnante floraison d’églises cathédrales et abbatiales. La plus ancienne est l’abbatiale de Bernay, édifiée au milieu du XIe siècle. Elle fut suivie par Notre-Dame de Jumièges (1067), la Trinité et Saint-Étienne de Caen (1077), Cerisy-la-Forêt, Lessay (fin du XIe siècle) et Saint-Georges de Boscherville (XIIe siècle).
Toutes ces grandes églises ont des caractéristiques communes : c’est ce qu’on appelle « l’art roman normand ». Ces édifices sont le plus souvent de plan bénédictin, sans déambulatoire dans le chœur (sauf à Jumièges). En revanche la nef est flanquée de bas-côtés. La croisée du transept est surmontée d’une impressionnante tour-lanterne.
Généralement, le décor sculpté est peu important, mais c’est peut-être parce qu’il s’agissait d’églises monastiques, volontairement austères. C’est ce que suggèrent, a contrario, les restes du décor roman de la cathédrale de Bayeux. Les grands édifices normands ont souvent inspiré les cathédrales ou abbatiales construites en Angleterre après 1066.

De l’art roman à l’art gothique normand

St-Wandrille-abbaye-2©SMT-E.Benard

Abbaye de Saint-Wandrille ©SMA-E.Benard

L’art gothique, venu d’Île de France, pénètre en Normandie dès le milieu du XIIe siècle. Dès la fin du XIIe siècle apparaissent des éléments caractéristiques d’un « art gothique normand » : maintien du « mur épais », de tribunes ou de galeries de circulation à tous les niveaux, comme à l’époque romane, décor privilégiant trilobes et quadrilobes. La première grande construction appliquant ces principes est le chœur de l’abbatiale Saint-Étienne de Caen. On les retrouve ensuite dans « La Merveille » du Mont-Saint-Michel, puis dans les cathédrales de Rouen, Coutances, Bayeux et Sées. Les grandes abbatiales gothiques ont été détruites après la Révolution : Saint-Wandrille, Jumièges (chœur), Saint-Évroult. Il subsiste cependant Saint-Sever, Lonlay-l’Abbaye ou Fontaine-Guérard.

La plupart de ces constructions datent de la première moitié du XIIIe siècle. Ensuite, les Normands ont plutôt suivi le modèle français venu de Paris, dans son évolution. On trouve ainsi des constructions de style rayonnant (1250-1350) puis, après la rupture de la guerre de Cent Ans (1337-1450), de nombreux édifices de style flamboyant. Les chefs-d’œuvre de cette époque en Normandie sont l’abbatiale de Saint-Ouen de Rouen, commencée en 1318, en style rayonnant, et achevée en style flamboyant, ainsi que le chœur de l’abbaye du Mont Saint-Michel.

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Abbatiale Saint-Ouen de Rouen

 

La congrégation de Saint-Maur

François Ier en 1536 instaura le système de la Commende. Il nommait abbé commendataire l’un des amis, laïc ou religieux, qu’il voulait récompenser. Celui-ci percevait alors les revenus de l’abbaye où il ne résidait que très rarement (ou même pas du tout) et n’en laissait qu’une faible partie à la communauté monastique en place pour son fonctionnement et l’entretien de ses bâtiments.

Cela conduisit au déclin de beaucoup d’abbayes tant sur le plan matériel que spirituel.
Au début du XVIIe siècle la congrégation de Saint-Maur, issue de l’est de la France, appuyée par Louis XIII et le cardinal de Richelieu, aida à réformer les abbayes. C’était un ordre centralisé, basé à l’abbaye de Saint Germain des Prés, qui mettait l’accent sur le travail intellectuel, la discipline et le redressement spirituel des communautés monastiques. Il n’intervenait qu’à la demande des abbés en place.
Son succès fut grand. Savoir que Louis XIII et Richelieu l’encourageait y contribua certainement. En Normandie de nombreuses abbayes firent appel au fil du temps à cette congrégation : Saint-Ouen, Jumièges, le Bec Hellouin, Saint-Georges de Boscherville, l’abbaye aux Hommes, etc …
Les moines mauristes furent aussi de grands bâtisseurs. Ils regroupèrent les constructions auxiliaires médiévales ( réfectoires, cuisines, dortoirs, chauffoir), éparpillées et malcommodes, en un vaste bâtiment central, souvent d’une qualité architecturale remarquable. Ils conservèrent les églises abbatiales et parfois les salles capitulaires.

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Abbaye Saint-Georges de Boscherville, plan de Gaignière

 

Textes de Jacques Le Maho et François Neveux, tirés du livre « La Normandie monastique », édition Point de Vues.

Texte sur la Congrégation de Saint-Maur de D.Cyrot, Abbaye Saint-Georges de Boscherville.

 

Abbayes de Normandie
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Abbayes de Normandie - Route historique
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